29.9.12

Oubliée, trouvée

Je viens de trouver cette poésie dans l'Iliade, que j'ai emprunté à ma grand-mère, de l'édition 1884. Ecrite à la main, sur un bout de papier arraché.

Mais j'ai vécu et je n'ai pas vécu en vain
Mon esprit peut perdre sa force, mon sang, son feu
Il y a en moi quelque chose qui découragera
La toiture et le temps et vivra quand je ne serais plus,
Quelque chose qui n'est pas de la terre à quoi ils ne s'attendent pas
Comme l'écho lointain d'une lyre muette
Se glissera dans leurs esprit calmes, pour émouvoir
Dans des coeurs, aujourd'hui de glace, le tardif remords de l'A

22.9.12

Hibiscus

Couverture de lotus
Pour les amours bleus
Plante-les dans les creux
Au fil des flux et des reflux

Patron répété au fil
Du temps de la drogue
De mon dur cœur d'argile
En forme de pirogue

Avec la finesse de l'infarctus
D'un mauvais acteur
Mes amours se meurent
Sous la couverture de lotus

Fini les cris à l'immensité
De l'attirail de femmes
Que je garde prêtes à consommer
Des viscères jusqu'à l'âme

Unis dans l'espace deux hibiscus
Par la non-gravité
Me revoilà à ton arrêt
Avec la finesse de l'infarctus

12.7.12

Balançoire en émail

Laissons-nous hiberner
Dans un printemps sans fin
Jusqu'à nous arrêter
À l'été de la Saint-Martin

Posons nos carcasses
Dans l'auberge à la croisée
Des amourettes lasses
Et des jeunes énamourés

Creusons un trou
De nos voies unies
Charme-moi sous
Ton sourire infini

Là où le temps se crible
Et l'on tombe dans l'engouement
Au fond de l'indescriptible
Lueur d'un soleil couchant

Qui vous aveugle pour sûr
Mais je préfère tes yeux
Au bel et bleu azur
Qui balance dans tes cheveux

Creusons un trou
De nos voies unies
Charme-moi sous
Ton sourire infini

Un tout petit bout d'Eden
Une Atlantide sous la mer
Une abbaye de Thélème
Et le feu d'Apollinaire

On n'aime sa pigeonne
Que trois jours et pourtant
Sa douce voix sonne
En écho pendant cent ans

22.6.12

Madrid

Je me ballade une dernière fois
Dans les rues où je suis né
Où j'ai trouvé amis, amours et moi

Pourtant je ne suis qu'un étranger
L'homme que l'on regarde de travers
Même quand je monterai sur Paris

Je parlerai une langue étrangère
Sans terre sans sang et sans patrie
Je paye mes hommages au sol

Celui qui m'accueillit dans mon bas âge
Celui où les jeunes boivent l'alcool
De la fête et de la passion érophage

A todos mis amigos de España

2.6.12

Les robes

Tu es une voile gonflant au vent
Battant contre ces deux magnifiques mats
Qui sous ce papier à mes yeux s’offrant
Je caresse du regard de haut en bas

Oh Dieu Auster tu ne me donnes pas
Le plaisir de voir lever ce léger drap

Quand je vois du fond de la rue
S’avancer cette flotte vers moi
Me prend l’envie de me jeter dessus
Ou plutôt en dessous de ces bas

Oh Dieu Eole déchaîne tes vents
Au plus grand plaisir des passants

Sans faire exprès je tombe souvent
Aux pieds des navires à courte voilure
Leur coque de muscle bien remplie
Est pour moi la plus belle des toitures

Oh Dieu Favonius sois aimable
Et laisse-moi voir cette chose adorable

Jupiter n’emporte pas les hors-bords
Ils sont à nos yeux, à nos pensées
Leur roulis de tribord à bâbord
Nous font à leur vue chavirer

Oh Dieu Vulturnus soulève-les
Les voiles outrageantes de la liberté

27.5.12

Morceaux à recoller

Persée, tu éjectes de toi une pluie de feu et d'or... Tu te reproduis donc comme ton père, comme un dieu, mais toi tu envoies tes filles à la mort certaine, comme un dieu. Elles ont comme seul destin celui du plaisir des yeux et souffler sur les vœux des ébahis.
Consumées entre les morceaux de papier brillants!

Cruels morceaux de papier parsemés près de vous POÈTES!
Près de vous, mais atteints de nulle poésie. Comme moi...
Abandonnez-moi lettres jamais écrites et pourtant tant réfléchies, allez-vous-en par-dessus mes années et atteignez l'éternité. Ce que je n'atteindrai jamais vous pouvez le faire, vous, invisibles, qui n'existent pas!

Je suis araignée avant tout, moustique et papillon.

L'araignée a besoin de tisser la toile de sa vie sans se rendre compte du reste. Sinon elle mourrait submergée. Elle n'attrape que les aveugles papillons qui cherchent la lumière pendant la nuit.
Je te capte et je t'écris, bienheureuse seconde cristallisée à tout jamais. Rejoints donc mes lettres.

Cristaux enfermés, supplice musical. Le tout brisé par la bombe de tes pas sur mon toit. La cassette claque.

Guitare, batterie. Batterie de sons et d'émotions. Comme la batterie de balles qui s'abattaient quand j'écrivais ceci. Le feu qui brûle les enfants, le lait des maisons. Le feu qui consume le petit bois au fond du salon. De quelle espèce de femme es-tu?

Les cheminées retiennent les secrets dans la suie du feu consumé qui est restée collée. Toutes les veillées, tous les mots émis par vos maladroites bouches, des mots de perversité, de haine et surtout de douceur. Partout dans leur trachée!
Vous n'avez pas honte! Heureusement que le feu a purifié toutes vos palabres et qu'il ne reste que l'abécédaire qui s'envole avec la fumée. Pur.

Un jour, j'essaierai.
Je le jure, j'essaierai, ne m'en voulez pas.
J'essaye déjà de ne plus pleurer et après j'essaierai.
Je promets que j'essaierai.
J'essaierai.


"Araignées et Scorpions" Clément Baills

23.5.12

Villes sous oeil de verre

Oh crachat sexuel de Jupiter
Qui cicatrise le ciel et la Terre
Rejetons migrants de Persée
Perséides brûlantes désintégrées

Sagittaire Scorpion Aigle
Que vous êtes grands et faibles
Traits grossiers invisibles
Votre beauté ici-bas est risible

Moi être de lumière retournée
Je suis le Berger poète obligé
Confondu avec le pilier de la ronde
Brille du dedans en scrutant le monde

Chrysalides dans le noir
Lucioles éternelles du soir
Tournez autour de mon double
Pendant une année sans troubles

Perséides je vous renomme
J’ose vous rappeler Moi l’Homme
Vous détenez tous mes vœux
Ont-ils brûlés dans votre queue de feu


20.5.12

Soies et crises

Sérénades sirupeuses
Entre cliquetis de clés

Sexe sinueux
Sur les vaux calamiteux

Brises soyeuses
Aux criques encastrées

Sol sanguinolent
Vers le coucher couchant

Passions syphiliques
Dans les creux cassés



13.5.12

Soyons brefs

Cet idiot ami
Qui nous fait rêver d'une vie meilleure
Ces plis
D'une étoffe sur le corps de l'âme sœur

Cet arbre
Qui tient votre survie au creux de son bois
Ce marbre
Qui vous dégoûte de je-ne-sais-quoi

Ce corps
Alourdi par les courbes lentement
Ces morts
Qui vous suivent et mangent vos trébuchements

Ce ciel
Qui est bleu le jour et rouge la nuit
Ce miel
Entre les larmes de vagues au fond des puits

Cette vie
Qui est à faire et que je tisse de poésie
Cette poésie
Qui n'est qu'un moment bref d'une brève vie

9.5.12

Mort par le froid

"Tombe du facteur" Clément Baills


Il y a dans l’air un certain chant lugubre et morose
Entre fleurs éclatantes du blanc jusqu’au rose
Je m’assois à l’endroit où la montagne virtuose
A su faire avec tant de beauté mourir un fonctionnaire

Il devait porter sur ses épaules une veste primaire
Et le vent gelé des cimes avoisinantes a su le faire taire
Le travail rend libre mais nous mourons

Les lettres pleines de mots d’amour et de sensations
Dans ta sacoche sont restées figées sous le gravillon
La grêle la pluie la neige et les pics de glace

Par-dessus ton corps et ta sacoche s’entasse
Une montagne gardant les secrets de son imposante masse
Ta croix est rouillée mais quelle pierre tombale

On a oublié d’écrire tes derniers mots ton dernier râle
De parsemer le chemin de ta tombe de dalles
Mais tu es enfermé entre les murs d’aucun cimetière

Si je savais ton nom effacé rouillé centenaire
Je te dédierais en toute admiration ces quelques vers

Mort par le froid est une des écritures
Qui sur ta croix est présente en fine gravure
Magnifiques lettres en italique comme sur les reliures
Baptiste mort en 1871 le onze janvier

Deux escargots sur ta tombe sont arrêtés
Peut-être leur murmures-tu les lettres cachetées

Il faisait froid il était tard il est l’heure
Que je m’en aille vers la mort en songeur
Car je suis devant la tombe du facteur

6.5.12

Les quatre chemins et le choix

Tu te souviens de sentir
La fille te l'avait bien dit

Oh Senteurs de cents empires
La ville par les narines m'envahit

Carburants fossiles aériens
Comme l'alcool s'évaporent
Et tout ce charbon te soutient
Par son odeur chocolat d'or

Parfums multiples et crasseux
Merci de me faire découvrir
Une nouvelle dimension merveilleux
Monde olfactif tout est à écrire

Tu te souviens d'écouter
La fille te l'avait bien dit

Mes oreilles sont obnubilées
Par la ville que je remplis

Sons difformes qui vous mènent
À la dépravation alcoolisée
Mes pas dans le silence noir sèment
Les rêves d'une nuit d'été

Cloques éclatantes du joint
Qui grésille d'un feu symphonique
Les sons proviennent de loin
Ils proviennent d'un cirque elliptique

Tu te souviens de goûter
La fille te l'avait bien dit

Cidre des éternelles fées
Illuminez la voie des appétits

Miel rayonnant des lampadaires
Larmoyants comme la pêche
Murs suintent des gouttelettes amères
Des sombres sueurs sèches

C'est le sucre des pavés
Infertiles mais pleins d'orges
Maïs tournesols abeilles et blés
Que je goûte au fond de ma gorge

Tu te souviens de toucher
La fille te l'avait bien dit

Frissonnants je tente d'essayer
Poils hérissés comme du crépis

Le vent sournois étoffe les rues
Et ton corps d'un fin drap
Te voilà petit et tout nu
La terre est forte sous toi

Tu te brûles finement les lèvres
Crissent tes dents caquetantes
La fumée fait une chatouille brève
Dans les jambes texture accrochante

Tu te souviens de voir
La fille te l'avait bien dit

Absorbe les couleurs du soir
Éclatantes de lits déjà pris

Sombres couleurs de l'arc-en-ciel
Tout est orange sous les lampadaires
Tes pas sont des ondes couleur miel
Vers la mort de l'hier

Néons lunaires accrochés à la voûte
Céleste éclairent le passage
D'un chemin noir comme une croûte
Vers les feux follets venus des mirages

4.5.12

Rendez-vous

J’ai raté de peu
Mon rendez-vous amoureux
Je t’ai laissé passer
Toi que je tenais à rencontrer

J’admire ta discrétion
Et tes belles insinuations
Avec lesquelles tu fais permanent
L’amour des amants

Ton nom sonne l’amour latin
Qui niche chez les putains
Mais tu es une dame
Qui attise la flamme

Maîtresse polissonne
Tu n’es aimée de personne
Sauf de moi charnel
Qui voit tout ton sexuel

Nous deux inséparables
Si un incident regrettable
Ne m’avait pas rendu fou
Et fais rater le rendez-vous

Peut-être nous nous verrons
Au détour d’une nuit de passion
Il n’y a que toi qui puisses
M’aimer jusqu’à ce que je périsse

Ah ! Syphilis !