"Tombe du facteur" Clément Baills
Entre fleurs éclatantes du blanc jusqu’au rose
Je m’assois à l’endroit où la montagne virtuose
A su faire avec tant de beauté mourir un fonctionnaire
Il devait porter sur ses épaules une veste primaire
Et le vent gelé des cimes avoisinantes a su le faire taire
Le travail rend libre mais nous mourons
Les lettres pleines de mots d’amour et de sensations
Dans ta sacoche sont restées figées sous le gravillon
La grêle la pluie la neige et les pics de glace
Par-dessus ton corps et ta sacoche s’entasse
Une montagne gardant les secrets de son imposante masse
Ta croix est rouillée mais quelle pierre tombale
On a oublié d’écrire tes derniers mots ton dernier râle
De parsemer le chemin de ta tombe de dalles
Mais tu es enfermé entre les murs d’aucun cimetière
Si je savais ton nom effacé rouillé centenaire
Je te dédierais en toute admiration ces quelques vers
Mort par le froid est une des écritures
Qui sur ta croix est présente en fine gravure
Magnifiques lettres en italique comme sur les reliures
Baptiste mort en 1871 le onze janvier
Deux escargots sur ta tombe sont arrêtés
Peut-être leur murmures-tu les lettres cachetées
Il faisait froid il était tard il est l’heure
Que je m’en aille vers la mort en songeur
Car je suis devant la tombe du facteur
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