24.12.13

Nos muses d'aujourd'hui

Les orgiaques lumières de minuit
Vibrent sur l'auréole
De sa kératine qui blondit
Eclairant sa peau créole
Chitine d'une cité cyclopéenne
Noire comme le vide
Son épiderme incertain décide
De baptiser mon poème

Muse tu m'abuses
Tu uses et t'infuses
Des opiums pour que fusent
Tes yeux de Méduse

Les mots organiques que tu m'épèles
Montrent au jour une varicelle
Vapeurs d'acides inhalés
Chaleurs avides inventées
Muse hermèphile du voyage
Qui change d'air et de visages
Tu me fuis mais toujours reviens
Attirée par l'odeur du doux venin



Alexandre Cabanel, Phèdre (détail), 1880

22.10.13

Panam

Les pavés crèvent de chaud
Ils fondent sous les pneus
Fondent aussi goudron et chaux
C’est la fondue sans feu
L’iconique tour Eiffel
Perd ses airs de gazelle
De symbole phallique
De champagne cheap
En bouteille plastique
Fondent les grands hommes enterrés
Par la nation recofondante
Les institutions ont le crâne mou
Des nouveaux nés

La coulée lente
Envahit tout
Passant par les boulevards Haussmanniens
Et les fondant en chemin
Tout Paris est une rivière
Et nous aux rames de la galère
Au rythme du tambour
Du pauv’ mec à la bourre
Fondent les horaires
Des passages du RER
Les riches alcolos
Et les vendeurs de bédo

Je n’ai pas été fondu par le Malin
J’ai oublié ma rame ce matin
Paris est un bolide
Paris toujours solide
La chenille urbaine mécanique
Aux griffes qui scintillent et crissent
Gronde et roule à sens unique
Oreilles bouchées contre l’odeur de pisse
Les ombres assises ont une lisse inertie
Satellites entre l’homme et l’outil
Quand on se rencontre
Nos regards fuient
Vendredi

Tout va bien sur Paris



3.9.13

Shop elsewhere

Pour faire chier Schopenhauer
Je décris l’open-bar où erre
Une odeur de lessive
Qui brûle la gorge dès qu’on arrive
Personne dans le nuage synthétique
Dont on sniffe le plastique
Aucun humain mon ptit Schoscho
Juste une bouche-à-mots

Le paysage s’éructe
C’est le suc de
La bouche-à-mots
Qui s’objective par la peau


7.7.13

Ego sum ego existo but I still don't know

Pour Neutral Norway.

Live this life of broken esthetics
Time passes in my time-travel watch
Clockwork with deconstructed mechanics
Shows me older pictures that never match
Thither they haven’t ever taken sides
And taken the pictures where I never was
Eyelid falls and hides eyes
Lighting you up like flammable gas
Moments taxidermized with photographic addictives
Where you can clearly see us flee
To the future of our perspective
While the body stays in the circle of nudity

19.6.13

Chanson d'Amour

Il suffit de casser le pont
Le jardin du bout des gîtes
thither
Le narcisse pompe floraison
Saturne s’agite

Pas un mot Mozanrabe
La mère (espa)Gnole a déjà parlée
Où est thither
L’ouvrier des syllabes
Le post néo pro kata espagnol et français

Tu n’es maintenant que petit Pierrot
Pierrot perdu sur la route des pierres
Où est ma chanson thither
Je crois qu’elle tombe à l’eau
Et un verre de lithoxine au dessert

J’avais promis par Sainte Antonomase
Le géranium ovipare et l’œil du diable
Mais je meurs dans la paraphrase
D’un maux de cœur minable

Où est ma chanson d’Amour ?
thither

24.5.13

A la terrasse

La vie sans ennuis
De l’homme lancé
Comme une goutte de pluie

La paix sur Terre
La paix d’acheter
Une place au cimetière

Mais le poisson volant
S’assoit à la terrasse
Et contemple l’instant
Par un temps dégueulasse
Il joue au con et au funambule
Au-dessus de son café
Il voit les gouttes qui pullulent
Qui foulent la terre noyée
Le fario ailé tombe
Du fil en tension
Gravitant globe-sonde

Pas de fil pert la raison


Entre Roquefeuil et Espezel

3.5.13

Kaleidoscope mélimélomane


Eh bien jeunot
Il est bien temps
Du dur boulot
Jusqu’à ton sang
Travailler ciel
Et terre et eau
Les bagatelles
Pour les bobos
Tu vas trimer
Pour le petit
Le petit pain
Et du mépris
Aux bons-à-rien

Mais j’ai été béni par Saint-Antoine
Du haut de sa colonne il jeta des dattes
Noires pour les mélomanes
Nourriture pour coléoptères et mille-pattes
Grouillant comme des dunes animées
Le sable disparaît sous les obscures carapaces
Un désert d’onyx érodé
Ils apportent un trône digne de Ménélas
Sur lui est assise la négresse blonde
Ebène et or vie et mort
La reine qui haït les catacombes
Qui jouit des plaisanteries et des métaphores
Dans les tentes des bédouins
Placées dans l’ombre des oasis
On se moque des gras européens1
On se passe la syphilis
Et dans le désert les contrats
Les factures les déclarations les billets
De cerfs-volants de phasmes et de larves entourés
Se désintègrent dans le noir Sahara

Les littérateurs
Sont des astronautes
Tapettes fusil-fleur
Des hommes des glottes
Du vieux Carpe Diem
Au nouveau YOLO
Pour briser la veine
De lire Erato
Arrêtez Socrate
Nous avons horreur
Des rimes adéquates
Et des empereurs

Vous en avez assez de vivre dans l’antiquité grecque et romaine
Où dans les maisons blanches comme un E

Mallarmé a posé ses rimes anciennes
Et jeté les bibelots qui ne sont que paille en feu

Comme un verbe sur une page noir sur blanc
Je t’ai cueilli comme une proserpine
Mais je déplore le désert d’antan
Ma négresse je suis d’humeur assassine

Outil traître que le babil des Abolis
Il a chanté que jamais plus il n’ira
Flânant son temps l’anachorète maudit
A vu les grandes mains d’Œdipe roi
Tenant les hommes dévorés par Saturne
Qui violent l’enceinte du Parthénon
Des jambes emportées qui ont gardé leurs cothurnes
Leur sang est blanc comme le palais d’Astérion
.
De colonne en colonne il goutte à goutte
.
Il les tachète il s’y écrase
.
Il est l’encre blanche il est salive pour le muet mais il est déroute
.
Pour ceux qui veulent s’élever profonde catabase

Dans sa chute un rayon de son soleil de Minuit
Rouge orange jaune vert bleu indigo violet
Le transforme en une antique mélodie

Puis reprend sa face2 blanche recomposée

Finies les conneries
D’éphèbe foufou garçon
Admire la création
Tout naît vit meurt et s’emboîte
Tu as la chance d’être
Mais soit sans plaisir sans hâte
Sous Dieu le maître le prêtre
Administre tes péchés
Le cours de la luxure
Cet an-ci a chuté
Cours procrée et me perdure

La mer                                                                               ivre                                                                                  bouge

Le soleil deux fois par jour décapité
Se guillotine encore ce matin
Cet Osiris ce Zagreus journalier
Eclaire de six rayons le mot de la fin

L’air                                                                                  vibre                                                                                   rouge
 
Une mort est inéluctable
Cette enfant noire de malheur
Pourquoi l’emmener conteur de fables
Elle n’a pas notre couleur

Un photon
Incolore
Avion
Fait éclore
En rebondissant
Les feux de la forge
I retentissant
Cou des rouges-gorges

Pendant que tu la violes
Je te supplie
Quel est ton prix
Pour que tu ne dénatures pas la créole

La poitrine du noir enfant est rouge de sang
Mes yeux balbutient et ma bouche tremblant
Hoquète quelques trébuchements
Quelle catastrophe tragique

Le respect aux aînés aux anciens
A ceux qui déclarent la guerre
Bien loin du front de tous les terrains
Exécutant les soldats délétères
Respect aux enseignants aux professeurs
On sait bien qu’ils se trompent souvent
Mais qu’importe la grossière erreur
Tant que tourne la machine à argent
En gros respecte un peu tout
N’essaie pas tu ne sauras faire mieux
Les adultes comme garde-fous
Des idées d’un monde horribleureux

La rivière est une feuille déchirée
Par le nez et les yeux de l’alligator
Le sinuement de son dos cuirassé
A quelques gouttes d’eau de l’aurore
Son dos frais d’un vert éclatant

Dans l’œil des voyous voyeurs d’anadyomènes
Si profonds qu’on y trouve les algues d’Océan

Brille de la couleur des feuilles chlorophilliennes
Tombe la pluie tombe la pluie tombe
Et crée des formes circulaires parfaites
Tombent les feuilles vertes tombent

Mais l’une d’elles tamponnée Article n°173
Une des lois de la seconde strophe
Qui s’échappa de ce désert vert
Elle est aussi fragile qu’un autotrophe
Mais fière de survivre pendant encore trois vers

Insouciante elle se pose sur un nénuphar
Car sa description est une montée du temps perdu
Dans son dos s’ouvrent de puissantes mâchoires
La feuille verte se referme sur l’alligator et son dos nu

Ne pense pas trop fort
Tu vas te faire mal
Je vais te le dire encore
Tu es anormal
Depuis le début du poème
Planté au milieu de la feuille
Tu sembles sous électrogènes
Tu me regardes le blanc de l’œil
Bois mes paroles anesthésiantes
Trois pas en avant deux pas en arrière
De l’intelligence absente
Mais des cœurs fiers

Tu vois les vagues
Mais non l’horizon
L’O scintille sous la Pléiade
Et la ceinture rhénane d’Orion

En barque sur le Rhin
Je me suis perdu jusqu’à l’Océan
Ici n’existe pas le fario divin

Mais les étoiles aperçues par les poissons-volants

Quelle flopée de nageurs libres
Qui n’en font qu’à leur tête
L’art comme les poissons vibre
Me voici dans le net
Ici les créations y sont infinies
Et bleues effaçant ciel et mer
Dix mille enfants nés aujourd’hui
Ouranos de son sexe pénètre la Terre
Et moi nageant comme un poète
Comme une truite bergère
Jette de l’O du Rhin une pincette
Dans cette eau étrangère

La synthèse des liquides miscibles
Me fait voir le bleu des Ormeaux
L’art est irréductible
Dans le Rhin coulera l’eau

Petite chiotte écoute-moi
Je m’évertue à t’instruire
Tu restes sourd et coi
Les plombs ont pété le cerveau va frire
L’homme est un loup
Il lui faut une cage éternelle
Qu’il pende la morale au cou
Crie comme une truie Emmanuel Lapucelle
La gueule bien encastrée
Dans l’ornière des bonnes manières
Roule-toi dans la fange de tes pères

Violée la poitrine enfantine de l’amoureux
D’elle s’y coule le sang magenta
Violée par la nuée d’ongles qui pleut
Comme les larmes et le sang violet qu’on boit

L’Y inversé bandant vers les cieux
Mauve de sang à côté du Christ ascendant
Plus rapide cependant dans la bouche de Dieu
Il crache sa pluie d’or et d’argent
L’Y est un fruit vert à cueillir
Quand il aura acquis la couleur d’hématome
Des veines congestionnées du corps à mourir
Des seringues plantées remplies de pénicillium
Le croquer péché mortel sera revenir

Aux années sans la lyre du délire
Aux années sans étendards rouges et bleus
Violant la poitrine enfantine de l’amoureux
Tu vois ton monde mondialisé
Milliers d’étendards du violet au magenta
Milliers d’étendards du magenta au violet
Les déchets nucléaires se reposent près du bois
Couleur de fruit mort ce monde
S’imprègne de la couleur viol-ish
De Maldoror

Qui encore vagabonde
Et s’arrête souffler entre deux hémistiches



1: Imaginez ce qu’on dit sur les américains !
2: Décomposée.
3: De la Constitution Française après la réforme de 2008.

5.4.13

Mi turno Saturno

Hoy no se cantara esa batalla de Roncesvalles
Ni como el tal Hamlet que habla ingles
Este sera un poema castellano
La lengua del Don Juan mas villano

Es mi turno fracaso
Para mi no habra ocaso
Es mi turno Saturno

Del negro aquellare de medianoche
Nace la piedra e hijo
Mascado y vomitado este derroche
De palabras que elijo

Las almohadas y las granadas
Me quitan todo el placer
Incluso el alambique hace cosas raras
Portan en ellas el nuevo amanecer

Es mi turno fracaso
Para mi no habra ocaso
Es mi turno Saturno

El tiempo volvera a pararse
Porque el tiempo yo dirijo
Oigo el amanecer difuminarse
Y me como a mi hijo

24.3.13

L'amoureux du mal


Dans ce temple dédié à Vénus l’éphémère
Dans les lits d’El Calor se brûlent les passions
Et l’argent ; l’insomniaque, le célibataire,
Jouit : c’est un bordel qui prône la friction.

Un homme, cœur ouvert, amoureux éperdu,
De son apex-amour il pénètre le feu,
Et sort ; il a acquis son prénom bien connu
De putain grecque Eris chantant le stupre heureux.

Par l’amour rendu fou, il est mort. Vivant comme
Vit un homme malade, non du bénin myome :
Mais de cette infection que Cupidon créa.

L’érophage fléau, de son corps l’inquiline
Combat sans fin avec sa maîtresse assassine
Variole. Syphilis, son bel ulcère chinois.


22.3.13

En attendant mon kaleidoscope mélimélomane


En attendant mon kaléidoscope mélimélomane1
Mes obstacles pour le regard qui flâne2
Sois dionysiaque et joue avec les A notes3
Créations piquantes qui dans l'iris sautent4

Je te vois fou lecteur comme Hercule5
Du haut vers le bas du bas vers le haut tu déambules6
Car la lecture n'y est qu'un hiatus7




1 : Je joue avec mes petits instruments typographiques
2 : Je suis poète et je prosélyte à l'ecclésiastique
3 : A Sionismes de la pupille Christ de l'œil
4 : Fourest est votre plus grand orgueil
5 : Tes yeux se révulsent c'est l'infarctus
6 : La poésie est coupable d'avoir joué un tour
7 : Avec les vers fades de tous les jours

12.3.13

Du haut vers le bas du bas vers le haut


Bien au-dessus de nos têtes
Vit Dieu l’Artifex
Mort ni de par Nietzsche ni de par Beckett
Il fait l’amour le stupre et le sexe
Il travaille sa poésie
Fumant le haschisch qu’a pécho Rimbaud
Sous les caresses des kyries
Dieu de la déraison et des Ormeaux

Bien au-dessus de nos têtes
Volent les nuages
Qui font la fête pliant leurs squelettes
Grâce à leur jeune âge
Ils sont uniques ils sont infinis
Chacun ayant construit goutte
A goutte de pluie1 son anatomie
Et les crachant sur mon prochain personnage écoute

Pas bien loin de nos caboches
Sont les tuiles posées
Côte à côte comme le son d’une cloche
Qui compte les heures d’une journée
Elles ne font rien ces pauvres tuiles
Rien d’autre qu’attendre qu’il pleuve
Ou qu’il vante quelle existence futile
Qu’être remplacée par des tuiles neuves

Pas bien loin de nos caboches2
Pourrissent les hommes vates
Une masse d’esprits gauches
Elevée grâce à la chiure d’un silex
Et que vate-t-ils3
Prier manger boulot dodo
Heureusement pendant les vigiles
Certains pêchent et goûtent le fario


: Ah ! Goutte de pluie !
: Et c’est bien cela qui est insupportable.
: Wat ?



9.3.13

Marre d'être cocus


A bas à bas
Les bas bibelots bleutés de Benabou
Ils font faire aux minettes d’opéra
Des phèdrésions des potipharades (ou
Putipharades) mais regardez-là
Nous aussi nous avons des atouts
Regardez adultères regardez quel thora(x)1
Ménagez2 votre jouissance et regardez-nous
Dites-nous que pensez-vous de mon alinéa

            Quoi3 pas de sursauts pas de remous
Cela ne t’impressionne pas
Pas plus que les bibelots bleutés de Benabou
Eux sonnent de la tranquillité du Sahara
A la chaleur de Tombouctou
Mais pas besoin d’une grande salle d’opéra
Et les minettes langue sur le sou
Vont acheter des entrées des bananas
Qu’elles tamponnent chez les sapajous

Lecteur tu es juge mais tu peux t’arrêter là
Te dire bon bof bref et après tout
En gros te dire et caetera et caetera
(Excusez ma plainte s’est un peu égout-
Centrée) dis-nous relis lecteur et dis moi
Si je n’ai pas moi-aussi la jungle des marabouts
Mon nom est Bamboula ne l’entends-tu pas
Et pourtant quel brouhaha mes singes qui font joujou


Envoi :

Un seul conseil il n’y a
Que l’oie qui ouï d’où
Le bois ne peut que s’ouïr qui a
Ouï les tatous
Ouï les wombats



: Placer le x en début de la ligne suivante.
: Quelle mutation !
: Coi ?





12.2.13

Chimie de la verve


« A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu » Rimbaud.



J’ai malaxé et broyé du noir
Je m’excuse pour le blanc

Il y moisit solitaire à minuit le soir
Mais lui rouge a ouvert sa bouche en sang
Faut que je boucle le bocal

Arc-en-ciel dogon de pastiches
Des folies d’Ignatius
Des négresses aux cheveux postiches
Des nymphéas et des lotus
Des Polycarpes ignifuges
Des albatros prosaïques
De K. et ses juges
Du moustachu philosophique
Et des scintillations sidérales

J’ai suivi l’Astre que le voyou m’avait décrit
Mais ses vers Ethérés d’un euphémisme incongru
M’ont éloigné d’Ithaque et de la paix des fourmis
L’Ubu roi maudit par la foule des individus
Et leur esprit méconial

Mais dans ma platonique grotte
Au milieu de la bruyère
Entre noisetiers je me gratte la glotte
Que de brouillard pas de rivière
Organe buccal fumigène
Qui balbutie quelques blablas
Ma fumée anadyomène
La fumée qui est en moi
L’alchimie linguo-labiale

6.2.13

Divines turbulences

Pour Diego Cayuela


Arrachée à la terre dans son cercueil marron-vert
La flamme vient vers le Phénix ressuscitant
Elle défunte et nue au doux son de la mer
Camarade d’Hippolyte part en brûlant

Une réécriture du mythe d’Orphée
Vient sauver Dieu par aspiration divine
Apnée au fond du Styx des souvenirs semés
Purifie comme un combat de nixe assassine

Elle paiera le passeur d’Achéron deux fois
Fumante incolore odorante vient vers moi
Elle rejaillit poisson volant anadyomène

Enthousiasmées de béatitude encensent
Les savoureuses ascendantes turbulences
L’organe buccal de Dieu scellant leurs haleines 

1.2.13

Ruderalis

Pour Léa Piccolo


Ruderalis
Aucun tempestaire
N’a réussi à briser Artémis
Ni tes lèvres rouges ni ton cœur vert
Petite comme un rire éclatant
Pieds dans la terre
Sourire de firmament
Arrête d’attendre cueillette
S’ils te chantent les lais
C’est que sont congelées leurs amourettes
A la grecque ils crient hé
Car leurs alcools
Jaunissent
Et auréole
Cannabis
Folle
Ruderalis

29.1.13

Arenas

Pour Georges Arenas


Une musique des océaniques profondeurs
De la voix nègre qui déraille
Sa glotte trémousse à la chaleur
D’un Dublin qui ripaille

Compte à rebours inversé
L’onyx minéral dématérialisé

Le nègre torture son anatomie
Au son des voix des mysticètes
Venues d’ailleurs de la Nouvelle-Calédonie
Ecouter le métèque claquer son squelette

Une question hispanophone
Une réponse anglophone

La voix du sable te plonge
Dans un désert de sons
Au milieu stylite des songes
Tu t’absynthe dans les vibrations

28.1.13

L’assassin procrastinateur

L’assassin non assidu s’associât souvent
A la procrastination qui l’enthousiasma
Puisque sans cesse au cycle solaire suivant
Il rapporta chaque fois son assassinat

Cents suicides il suscita subrepticement
Mais c’est du passé et paresse de saigner
Amis ennemis s’introduit en lui hissant
Une procrastination non niée éhontée

Hélas les hashshashin hautains le haïssaient
Car il n’a pas pris garde aux contrats aux délais
Irritant la hiérarchie jusqu’aux apprentis

Traqué trouvé par les tueurs il fut tacite
Ils furent attendus par cet hurluberlu qui
Sans s’être soucié avait reporté sa fuite

23.1.13

Sonnet poétique

Ce matin tu as lu une fort jolie rue
Réminissante en vers du jeune Apollinaire
Mais toi hurluberlu du nectar défendu
L’alcool qui désaltère en as bu plus d’un verre

Shoot de haschisch tu lis Rimbaud et ses pastiches
Tu fumes avec Verlaine vers impairs migraines
Bois le nectar-liche irréguliers hémistiches
Du mal-aimé fougueuse haine igné hymen

Tu écris une autotélique poésie
La monotone vie d’une alcoolémie
Des Limbes mythifiées et des fleurs condamnées

Négresse blonde des profondes catacombes
La poésie et du monde et du temps tu sondes
Toi avec les regrets des tout premiers sonnets

21.1.13

Eglise et société

Société :

Un ordre carolingien
C’est un ordre incertain
Celui que Clovis
Dans Beckett hisse
Comme un drapeau
Un coup dans l’eau
La plus belle anarchie
L’amitié du faux-ami
Ils montent lentement
Boueux crasseux fainéants
Les rois « caracoles »
Et le roi aux boucles folles
D’Epictète aux oreilles des anciens
A nous aux cieux Olympiens
La bouffe le vin
Dans la bouche des bons-à-rien
C’est une chenille infinie de
Nombreux Pippinides
Rois de pêcheurs priant
Rois des poissons gobant
Dans l’aquarium la salade
Les pages fines de la Pléiade
Le A noir que le poète fonde
C’est un noir-tombe
C’est maman maltraitée
C’est l’amande amère avalée
Ainsi se comportent les sires
Les dents pourries de beaux dires
Les mains pleines d’armes
Les poches pleines de larmes
Les yeux pleins de sable
Pour ne pas voir dans l’étable
L’écuyer et les chevaux
De l’un maître de l’autre bourreau
A force de piquer son derrière
Avec les guerres d’Angleterre
On joue aux morts
On prévoit notre sort
Les rois le rapprochent
A grand coups de cloches
Mais les amours nous éloignent
Du royaume de Charlemagne
Des rois « caracoles »
L’ordre carolingien auréole
Avec Clovis au cri de
« A mort les Pippinides ! »

Eglise :

Je l’ai vu passer
Vers le Sud pour migrer
Le Christ d’Apollinaire
Agitant les bras en l’air
Il n’y a rien ici
Que du mange-petit
Il va vers l’Afrique
Fuyant Buddha l’asiatique
Car comme une pie
Que les pains multiplie
Il ne sait voir
Autre chose qu’or et ivoire
Son ombre fait le soir
Tout est noir
Tout ivoire
Sous son œil dilaté
Où l’on s'est fait baptiser
Dans sa pupille
Où le péché brille
Les petits morts de faim
Prient main dans la main
Prient pour les pains promis
Une auréole une eucharistie
Le banc n’égratigne pas les genoux
Qu’aux pêcheurs aux sapajous
Et le Christ sur sa croix
Cloué des jambes et des bras
Rempli le Graal
Dans son dernier râle
La bouffe et le vin
Des rois carolingiens
Comme le corps et le sang
Du Christ sanglant
On n’explique pas l’eau bénite
Qui doit sortir de sa bite
Une pisse si claire
Sur un sujet m’éclaire
C’est le cloué ce salaud
Qui boit toute l’eau
De l’Afrique magique
Belle et exotique
Mort aux marabouts
Aux statuettes zoulous
Frappées pas l’épée
De la croix retournée
Et une prière baveuse papale
Obscure dans un latin sacerdotal
Pour les rois fainéants
Au teint blanc
Pour la mort de la négresse
Dans sa blonde pauvresse
Toutes les coccinelles
Soutenant par les aisselles
La larve blanche
Qui dès qu’elle sort enclenche
La récitation universelle
De la prière au Dieu éternel
Pendant qu’ensanglanté
L’aigle saigne des péchés
Et que dans les monastères
On fourre la prière
Dans la gorge des enfants
En guise de Saint-Sacrement