Eh bien jeunot
Il est bien temps
Du dur boulot
Jusqu’à ton sang
Travailler ciel
Et terre et eau
Les bagatelles
Pour les bobos
Tu vas trimer
Pour le petit
Le petit pain
Et du mépris
Aux bons-à-rien
Mais j’ai été béni
par Saint-Antoine
Du haut de sa
colonne il jeta des dattes
Noires pour les
mélomanes
Nourriture pour
coléoptères et mille-pattes
Grouillant comme
des dunes animées
Le sable disparaît
sous les obscures carapaces
Un désert d’onyx
érodé
Ils apportent un
trône digne de Ménélas
Sur lui est assise
la négresse blonde
Ebène et or vie et
mort
La reine qui haït
les catacombes
Qui jouit des
plaisanteries et des métaphores
Dans les tentes
des bédouins
Placées dans
l’ombre des oasis
On se moque des
gras européens1
On se passe la
syphilis
Et dans le désert
les contrats
Les factures les
déclarations les billets
De cerfs-volants
de phasmes et de larves entourés
Se désintègrent
dans le noir Sahara
Les littérateurs
Sont des astronautes
Tapettes fusil-fleur
Des hommes des glottes
Du vieux Carpe Diem
Au nouveau YOLO
Pour briser la veine
De lire Erato
Arrêtez Socrate
Nous avons horreur
Des rimes adéquates
Et des empereurs
Vous en avez assez
de vivre dans l’antiquité grecque et romaine
Où dans les
maisons blanches comme un E
Mallarmé a posé
ses rimes anciennes
Et jeté les
bibelots qui ne sont que paille en feu
Comme un verbe sur
une page noir sur blanc
Je t’ai cueilli
comme une proserpine
Mais je déplore le
désert d’antan
Ma négresse je
suis d’humeur assassine
Outil traître que
le babil des Abolis
Il a chanté que
jamais plus il n’ira
Flânant son temps
l’anachorète maudit
A vu les grandes
mains d’Œdipe roi
Tenant les hommes
dévorés par Saturne
Qui violent
l’enceinte du Parthénon
Des jambes
emportées qui ont gardé leurs cothurnes
Leur sang est
blanc comme le palais d’Astérion
.
De colonne en
colonne il goutte à goutte
.
Il les tachète il
s’y écrase
.
Il est l’encre
blanche il est salive pour le muet mais il est déroute
.
Pour ceux qui
veulent s’élever profonde catabase
Dans sa chute un
rayon de son soleil de Minuit
Rouge orange jaune
vert bleu indigo violet
Le transforme en
une antique mélodie
Puis reprend sa
face2 blanche recomposée
Finies les conneries
D’éphèbe foufou garçon
Admire la création
Tout naît vit meurt et s’emboîte
Tu as la chance d’être
Mais soit sans plaisir sans hâte
Sous Dieu le maître le prêtre
Administre tes péchés
Le cours de la luxure
Cet an-ci a chuté
Cours procrée et me perdure
La mer ivre bouge
Le soleil deux
fois par jour décapité
Se guillotine
encore ce matin
Cet Osiris ce
Zagreus journalier
Eclaire de six
rayons le mot de la fin
L’air vibre rouge
Une mort est
inéluctable
Cette enfant noire
de malheur
Pourquoi l’emmener
conteur de fables
Elle n’a pas notre
couleur
Un photon
Incolore
Avion
Fait éclore
En rebondissant
Les feux de la
forge
I retentissant
Cou des
rouges-gorges
Pendant que tu la
violes
Je te supplie
Quel est ton prix
Pour que tu ne
dénatures pas la créole
La poitrine du
noir enfant est rouge de sang
Mes yeux balbutient
et ma bouche tremblant
Hoquète quelques
trébuchements
Quelle catastrophe
tragique
Le respect aux aînés
aux anciens
A ceux qui déclarent
la guerre
Bien loin du front
de tous les terrains
Exécutant les
soldats délétères
Respect aux
enseignants aux professeurs
On sait bien qu’ils
se trompent souvent
Mais qu’importe la
grossière erreur
Tant que tourne la
machine à argent
En gros respecte un
peu tout
N’essaie pas tu ne
sauras faire mieux
Les adultes comme
garde-fous
Des idées d’un monde
horribleureux
La rivière est une
feuille déchirée
Par le nez et les
yeux de l’alligator
Le sinuement de
son dos cuirassé
A quelques gouttes
d’eau de l’aurore
Son dos frais d’un
vert éclatant
Dans l’œil des
voyous voyeurs d’anadyomènes
Si profonds qu’on
y trouve les algues d’Océan
Brille de la
couleur des feuilles chlorophilliennes
Tombe la pluie
tombe la pluie tombe
Et crée des formes
circulaires parfaites
Tombent les
feuilles vertes tombent
Mais l’une d’elles
tamponnée Article n°173
Une des lois de la
seconde strophe
Qui s’échappa de
ce désert vert
Elle est aussi
fragile qu’un autotrophe
Mais fière de
survivre pendant encore trois vers
Insouciante elle
se pose sur un nénuphar
Car sa description
est une montée du temps perdu
Dans son dos
s’ouvrent de puissantes mâchoires
La feuille verte
se referme sur l’alligator et son dos nu
Ne pense pas trop fort
Tu vas te faire mal
Je vais te le dire encore
Tu es anormal
Depuis le début du poème
Planté au milieu de la feuille
Tu sembles sous électrogènes
Tu me regardes le blanc de l’œil
Bois mes paroles anesthésiantes
Trois pas en avant deux pas en arrière
De l’intelligence absente
Mais des cœurs fiers
Tu vois les vagues
Mais non l’horizon
L’O scintille sous
la Pléiade
Et la ceinture
rhénane d’Orion
En barque sur le
Rhin
Je me suis perdu
jusqu’à l’Océan
Ici n’existe pas
le fario divin
Mais les étoiles
aperçues par les poissons-volants
Quelle flopée de
nageurs libres
Qui n’en font qu’à
leur tête
L’art comme les
poissons vibre
Me voici dans le
net
Ici les créations
y sont infinies
Et bleues effaçant
ciel et mer
Dix mille enfants
nés aujourd’hui
Ouranos de son
sexe pénètre la Terre
Et moi nageant
comme un poète
Comme une truite
bergère
Jette de l’O du
Rhin une pincette
Dans cette eau
étrangère
La synthèse des
liquides miscibles
Me fait voir le
bleu des Ormeaux
L’art est
irréductible
Dans le Rhin
coulera l’eau
Petite chiotte
écoute-moi
Je m’évertue à
t’instruire
Tu restes sourd et
coi
Les plombs ont pété
le cerveau va frire
L’homme est un loup
Il lui faut une cage
éternelle
Qu’il pende la
morale au cou
Crie comme une truie
Emmanuel Lapucelle
La gueule bien
encastrée
Dans l’ornière des
bonnes manières
Roule-toi dans la
fange de tes pères
Violée la poitrine
enfantine de l’amoureux
D’elle s’y coule
le sang magenta
Violée par la nuée
d’ongles qui pleut
Comme les larmes
et le sang violet qu’on boit
L’Y inversé
bandant vers les cieux
Mauve de sang à
côté du Christ ascendant
Plus rapide
cependant dans la bouche de Dieu
Il crache sa pluie
d’or et d’argent
L’Y est un fruit
vert à cueillir
Quand il aura
acquis la couleur d’hématome
Des veines
congestionnées du corps à mourir
Des seringues
plantées remplies de pénicillium
Le croquer péché
mortel sera revenir
Aux années sans la
lyre du délire
Aux années sans
étendards rouges et bleus
Violant la
poitrine enfantine de l’amoureux
Tu vois ton monde
mondialisé
Milliers
d’étendards du violet au magenta
Milliers
d’étendards du magenta au violet
Les déchets
nucléaires se reposent près du bois
Couleur de fruit
mort ce monde
S’imprègne de la
couleur viol-ish
De Maldoror
Qui encore
vagabonde
Et s’arrête
souffler entre deux hémistiches
1:
Imaginez ce qu’on dit sur les américains !
2: Décomposée.
3: De la Constitution Française après la
réforme de 2008.