Les autres, entassés, ne faisaient que profiter de la faible lumière reflétée par le sol bétonné.
Un petit gros et un grand gros discutaient entre eux:
- Tu faisais quoi avant?
- Je creusais des trous, pleins de trous.
- Moi je faisais pareil, je construisais des tours.
- On creuse la terre.
- Ou on creuse le ciel.
Puis en cœur, comme s'ils l'avaient déjà dit un milliard de fois:
- C'est bien pareil.
- Et pourquoi t'es là?
- J'ai mal creusé.
- Moi j'ai tué 50 hommes.
Puis en cœur, comme s'ils l'avaient déjà dit un milliard de fois:
- C'est bien pareil.
- Tu sais pourquoi il est là le vieux?
- Non, il n’a jamais parlé.
Tous deux commencèrent à se gratter les tatouages, comme s'ils brûlaient à la peau. Les doigts sur la peau teintée faisaient un bruit de ferraille.
Les crissements se répercutèrent dans toutes les cellules mais personne ne savait si c'était les autres prisonniers ou un simple écho.
Le vieux se leva tout d'un coup. Les milliers de regards captifs se fixèrent sur son corps luminescent et il se tourna vers la fenêtre et commença à crier:
- J'ai le Soleil et ça me suffit bien! J'ai le Soleil et ça me suffit bien!
Puis il appuya son visage contre les barreaux en fer froid de la fenêtre jusqu'à s'en briser les pommettes. Son corps, ses membres et sa tête rétrécirent jusqu'à la taille d'un photon et il s'enfuit librement, loin de la cage, loin des gros. Avec la vitesse d'un fugace éclair dans un orage.
"Empty Spaces" Gabriela Panaget (http://faiseur-de-pluie.blogspot.com/)
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